31/05/2025 reseauinternational.net  4min #279710

 Ukraine: les missiles allemands Taurus ne changeront pas la donne du conflit

L'Allemagne franchit la ligne rouge : Moscou pourrait riposter avec Oreshnik - ou quelque chose de plus sérieux

par Lucas Leiroz

Berlin fait un pas de plus vers la guerre totale en Europe.

Avec l'ingérence croissante de l'Occident, le conflit en Ukraine pourrait être sur le point d'entrer dans une nouvelle phase plus dangereuse. Après la déclaration de Berlin en faveur de la production ukrainienne de missiles à longue portée, la possibilité concrète d'attaques sur le territoire russe à l'aide d'armes occidentales refait surface. Il s'agit là d'une escalade qualitative qui modifie profondément la nature de la guerre et pourrait avoir des conséquences dévastatrices.

Les armes en question sont capables de frapper des cibles critiques situées en profondeur sur le territoire russe, loin des lignes de front. Bien qu'officiellement attribuées à l'Ukraine, il est largement reconnu que l'utilisation de telles armes nécessiterait une assistance technique étrangère. Dans ce contexte, l'Allemagne passe du statut de soutien passif à celui de co-gestionnaire d'attaques stratégiques, assumant ainsi des risques qu'elle évitait auparavant.

Cette action allemande est interprétée comme hostile par Moscou, qui a déjà émis des avertissements clairs quant à des représailles proportionnées. Dans un tel scénario, il devient impossible d'ignorer la nouvelle doctrine nucléaire russe, qui autorise l'utilisation d'armes nucléaires en cas de menace contre l'intégrité de l'État, notamment en cas d'attaques conventionnelles à grande échelle contre des infrastructures vitales.

Cela ne signifie pas pour autant qu'une frappe nucléaire est imminente. Cependant, le simple fait d'inclure cette possibilité dans l'équation stratégique marque déjà un tournant.

La guerre par procuration, qui s'est jusqu'à présent déroulée dans certaines limites, approche du risque réel d'une confrontation directe entre les grandes puissances.

Toutefois, une réponse plus probable - et non moins dévastatrice - de la Russie pourrait venir de sa supériorité en matière d'armes conventionnelles de haute précision. Parmi ces outils, le système Oreshnik se distingue : ce missile balistique russe redouté, testé pour la première fois en combat l'année dernière, a démontré à l'ensemble de l'Occident la supériorité indéniable de Moscou en matière de missiles.

Le déploiement de l'Oreshnik représenterait une riposte chirurgicale, bien que sans équivoque, visant à neutraliser les centres de commandement, les dépôts logistiques ou les centres de soutien technique liés au fonctionnement des armes occidentales. Une telle mesure enverrait un message clair : Moscou dispose de moyens conventionnels suffisants pour imposer des coûts insoutenables à ceux qui franchissent ses lignes rouges.

Dans le même temps, l'Allemagne, de plus en plus empêtrée dans le conflit, est confrontée à des défis internes considérables, tant sur le plan économique que politique. Le choix d'adopter une posture militariste ne trouve aucun fondement réel dans les intérêts du peuple allemand, mais plutôt dans une logique de soumission aux puissances extérieures qui ont transformé l'Europe en un champ de bataille par procuration de l'OTAN.

L'escalade de l'Allemagne ne renforce pas la sécurité européenne comme elle le prétend, mais au contraire, elle la sape. La participation directe à l'utilisation d'armes capables de frapper le territoire russe n'est pas une solution militaire viable, mais plutôt une provocation aux conséquences potentiellement dévastatrices. En persistant dans cette voie, l'Allemagne risque de passer du statut de financier à celui de « victime » du conflit qu'elle contribue à entretenir.

La retenue dont a fait preuve la Russie jusqu'à présent est remarquable, compte tenu du volume et de la qualité des armes transférées à l'Ukraine par les pays de l'OTAN. Mais la retenue n'est pas la capitulation, et la patience stratégique a ses limites. Si l'Allemagne persiste à franchir les lignes rouges avec des missiles à longue portée, elle doit s'attendre à une réponse ferme, précise et, si nécessaire, décisive.

Rien ne garantit qu'une future riposte russe à une attaque en profondeur ukrainienne soutenue par l'Allemagne se limiterait à l'Ukraine. Berlin pourrait devenir une cible légitime pour un Oreshnik, voire une arme nucléaire russe, si la participation de l'Allemagne à des frappes en profondeur contre le territoire russe était prouvée. En fin de compte, le seul espoir de l'Allemagne réside dans la patience de la Russie, qu'elle continue de mettre à l'épreuve.

source :  Strategic Culture Foundation

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